Claske Dijkema, Enseignant-Chercheur à Grenoble École de Management - Management et Comportement
17 décembre 2010
En quoi la sociologie peut-elle être utile si l’on parle de la paix économique? Sur ce blog nous vous parlons de systèmes, comme par exemple celui de la guerre économique, et nous questionnons le besoin d’un changement de modèle. Celui-ci requiert un changement structurel dans notre société, au niveau des relations au pouvoir et dans notre façon de voir le monde. Mais par où commencer ? Par des actions personnelles, par le développement de sa paix intérieure? Et comment aller au-delà?
Un fréquent débat parmi les sociologues porte sur la relation entre l’individu et les structures qui les entourent. On appelle ce débat en anglais le « structure – agency debate » entre “structure” et “agency”. Le dernier concept se réfère à l’individu en tant qu’acteur, capable de prendre des décisions et de donner une direction aux événements qui l’entourent. Il y a une tension inhérente entre ces niveaux de réflexions. On peut décerner 3 courants dans ce débat.
Selon le premier courant les structures ne peuvent pas être considérées comme déterminantes. Les défenseurs de cette position affirment que l’accent devrait être mis sur la façon dont les individus créent le monde autour d’eux.
Selon le deuxième courant la sociologie ne devrait être concernée que par les structures sociales qui déterminent les caractéristiques et les actions des individus, leurs capacités spécifiques à prendre perdant dès lors toute importance. (Durkheim, Marx).
Le troisième point de vue est un compromis entre les deux premiers, évitant à la fois l’idée d’une structure qui détermine les individus et l’idée que les individus créent indépendamment leur propre monde. Berger et Luckmann, par exemple font valoir qu’il existe un processus dialectique dans lequel les significations données par des individus à leur monde s’institutionnalisent ou se transforment en structures sociales et les structures deviennent alors partie du système de signification utilisé par les individus et qui limite leurs actions. Un autre exemple d’intégration des deux positions ci-dessus provient des marxistes qui d’un côté s’intéressent au système social déterminant les classes, mais d’autres part donnent une place à la notion de lutte, conçues comme actions prises par des individus ou groupes d’individus, et dont il les pense capables d’engendrer du changement.
Je me reconnais dans cette dernière catégorie. Et il y des exemples qui montrent qu’il est possible de sortir de nos cadres pour produire du changement. En contournant, par exemple, la grande distribution pour acheter des produits frais directement des producteurs, le système des AMAP (Aide au maintien d’une agriculture paysanne) commence déjà à inquiéter les hypermarchés.
