Grenoble Ecole de Management organisait le 14 mai ses premiers Trophées de la Paix économique, pour valoriser le déploiement de projets axés sur le bien-être au travail et l’innovation dans les relations entreprises — structures publiques — société. 75 entreprises, collectivités, associations françaises et étrangères ont déposé une candidature, et 10 ont été récompensées. L’article ci-dessous présente le projet d’Alma, lauréate dans la catégorie Développement des relations et des styles de management, pour les organisations de 1 à 249 salariés
Prospère et courtisée, dotée de solides fonds propres, forte d’une centaine de salariés, la SCOP informatique Alma pourrait célébrer ses 40 ans sur un mode purement festif. Mais ses dirigeants ont saisi l’occasion pour dresser un état des lieux et imaginer collectivement son avenir, en impliquant tous les collaborateurs dans la démarche.
Pourquoi se poser des questions métaphysiques dans une entreprise où tout va bien ? « Pour rester créatifs, pour nous adapter à un environnement qui change, pour continuer à concilier développement économique et épanouissement des personnes » répond Laurence Ruffin, PDG d’Alma.
La SCOP grenobloise, qui fête ses 40 ans en 2019, a bien prévu un événement festif en octobre avec ses équipes, ses clients et ses partenaires. Mais en parallèle, elle réfléchit depuis décembre à son avenir, en suivant un processus appelé en interne ElVa pour Élaboration/Validation.
« Nous avons besoin de nous redonner un objectif partagé »
De quoi s’agit-il ? D’une réflexion de fond sur le fonctionnement quotidien et la stratégie, à des fins d’amélioration continue. Les « Almatiens » (salariés d’Alma) en ont l’habitude : ils sont organisés en quatre business units ou « scopettes » qui tous les trois ans, pratiquent une ElVa pour définir un nouveau projet ; ce projet est porté par un responsable qui doit être élu avec 2/3 des voix de sa scopette.
C’est le même processus ElVa qui est donc en œuvre, cette fois à l’échelle de l’entreprise et de l’équipe dirigeante. « Alma, ce n’est pas seulement 4 business units qui tournent bien, souligne la PDG. Nous avons besoin de nous redonner un objectif partagé, nourri par du sens, et de co-construire notre avenir ».
Le but n’est pas de ressouder des scopettes qui auraient des velléités d’autonomie. « Cette tentation a existé par le passé, raconte Laurence Ruffin. Aujourd’hui, ce n’est plus un sujet. Il y a consensus sur le fait que nous sommes plus forts ensemble pour recruter, investir, affirmer notre image et animer une vie collective riche. »
Pas d’urgence, donc, mais la volonté de se remettre en question et de pérenniser l’esprit entrepreneurial de la SCOP. Comment orienter l’innovation technologique des prochaines années, avec quelle place pour le SaaS ? Quelle stratégie pour les sept filiales internationales ? Comment Alma peut-elle rester indépendante dans un contexte de forte consolidation ? Comment faire émerger de nouvelles idées et de futurs « chefs d’orchestre » parmi les collaborateurs ?
Des questions pour CODIR débattues par tous les salariés
La SCOP doit aussi veiller à intégrer ces quelque 20 salariés recrutés en moins de trois ans (20 % de l’effectif !), dont la culture n’est pas tout à fait celle des « anciens ». Elle doit définir un projet pour le terrain de 7000 m2 en cours d’acquisition à côté des locaux actuels : un nouveau bâtiment, l’hébergement de sociétés aux compétences complémentaires, une pépinière d’entreprises ?
Partout ailleurs, de telles questions seraient l’apanage du comité de direction. Chez Alma, tous les salariés sont invités à débattre, car ils deviennent associés après un an de présence.
Deux sessions de travail ont eu lieu en décembre et en mars, sur un mode bien almatien : présentation du sujet, réflexion en sous-groupes, restitution en plénière puis dîner convivial. Des interviews individuelles sont menées pour ne pas laisser de côté les collaborateurs peu à l’aise à l’oral. Le CA d’Alma a organisé mi-mai son propre séminaire sur la vision et les enjeux.
D’autres étapes suivront, pour aboutir en fin d’année à une feuille de route à 5 ans. Laurence Ruffin la défendra et soumettra au vote des salariés sa candidature pour un nouveau mandat de PDG. « Il y avait beaucoup d’échanges informels sur notre stratégie, mais pas vraiment d’espace de discussion légitime pour tous se l’approprier. Cette fois, nous y sommes ».
Les points forts du projet
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