La paix économique tout comme les questions de stress ou de bien-être au travail sont des approches qu’il faut envisager au long court, surtout et avant tout en dehors et en amont des situations de crise – c’est tout bonnement ce que l’on appelle une démarche de prévention ! Eclairage avec Dominique Steiler, titulaire de la chaire Paix économique, Mindfulness et Bien-être au travail.
En cette situation de crise que nous vivions, j’entends les cyniques évoquer un manque de « fonctionnalité » de ces approches si au moment critique elles ne sont pas efficaces. C’est ailleurs que le problème se tient.
En situation de crise, c’est-à-dire dans les moments ou insatisfactions, perte, menace ou danger sont présents notre système a cette force de mobiliser toute son énergie pour faire face au stress qui se présente. C’est sa force ! Sa limite est que si les stratégies développées au fil des ans ne sont pas adaptées, j’aurais beau avoir toutes les bonnes intentions du monde, toutes les connaissances du monde, ce sont les automatismes qui prendront le dessus et ma réponse sera insatisfaisante.
Alors oui, pour les entreprises qui n’ont jamais tenté de développer d’autres modalités managériales, relationnelles, opérationnelles… la crise d’aujourd’hui ne sera qu’un révélateur de dysfonctionnements - notez que c’est déjà un vrai cadeau. Ce ne sont que celles qui auront, parfois depuis des années, anticipé les transformations, qui pourront gérer au mieux la situation de crise sans (trop) se faire déborder.
La démarche de la paix économique est une réflexion de pérennisation et de solidification de la paix… en temps de paix. Vouloir tout changer en temps de crise c’est une inefficacité annoncée et plus encore prendre le risque de rajouter des problèmes au problème.
Les ingénieurs sécurité connaissent bien ce phénomène : quand tout va bien, on leur explique qu’ils nous cassent les pieds avec leurs précautions, que l’on n’a pas de temps ni de budget à allouer à la prévention, mais que surtout, « comme tout va bien… alors au fait : à quoi tu sers » !
Alors si rien n’a été fait avant la crise, à quoi la question de la paix économique peut-elle bien servir maintenant ? Et bien tout simplement à préparer l’après. Nous avons du temps, nous avons de l’énergie, ne la perdons pas à imaginer le pire, mais au contraire mettons en place tout ce qui peut permettre l’ouverture, l’innovation, la relation… (vous noterez que toutes ces qualités disparaissent de nos aptitudes quand nous avons peur).
Peut-être est-ce le moment de repenser nos modèles économiques, managériaux, nos cultures d’entreprise ? Il est en tout cas grand temps de cesser d’être comptables pour redevenir humains !
Le titre de l’article est une citation de Frank-Walter Steinmeier, président de la république allemande