Grenoble Ecole de Management organisait le 14 mai ses premiers Trophées de la Paix économique, pour valoriser le déploiement de projets axés sur le bien-être au travail et l’innovation dans les relations entreprises — structures publiques — société. 75 entreprises, collectivités, associations françaises et étrangères ont déposé une candidature, et 10 ont été récompensées. L’article ci-dessous présente le projet collectif porté par les Vals du Dauphiné, lauréats dans la catégorie Développement des parties prenantes, pour les organisations de 250 à 5000 salariés.
Situés entre Grenoble, Lyon et Chambéry, les Vals du Dauphiné veulent devenir un « territoire de paix », attractif et épanouissant pour ses habitants et ses salariés. Un dispositif atypique y a été créé par la sous-préfecture, la communauté de communes, une association patronale et trois entreprises locales. Avec comme premiers leviers d’action le management et le bien-être au travail.
La liste des partenaires du projet dauphinois, baptisé LIBERTE*, pourrait passer pour un inventaire à la Prévert. Mais les actions mises en place et la capacité d’innovation du groupe ont vite raison de cette première réaction. Ce territoire rural de 62 000 habitants sait où il veut aller, s’empare des opportunités qui se présentent et les exploite avec inspiration.
Du bien-être au travail à la qualité de vie du territoire
« Tout est parti de la rencontre entre la sous-préfecture et la communauté de communes des Vals du Dauphiné (VDD), née en 2017 de la fusion de quatre intercommunalités, raconte Thomas Michaud, sous-préfet de l’arrondissement de la Tour-du-Pin. Cette dernière a opté pour un modèle de type entreprise libérante, avec une hiérarchie allégée et une priorité au bien-être au travail. Je souhaitais faire évoluer le management de l’État et inciter les entreprises à s’engager pour le bien-être au travail. Nous avons décidé de construire ensemble un dispositif reposant sur des valeurs partagées. »
En quelques mois, les partenaires ont élaboré un projet qui prend sa source dans l’épanouissement des salariés mais porte des ambitions bien au-delà. En effet, il englobe aussi la performance des entreprises et des organisations, l’attractivité du territoire et la qualité de vie de tous ses habitants.
Une communauté de pratiques des dirigeants des 6 structures est lancée. Ils se retrouvent régulièrement pour soutenir le projet et l’orienter sur une trajectoire commune et une vision partagée.
Un cycle d’éveil, des conférences suivies d’ateliers pratiques, est créé pour 25 managers : intelligence collective et émotionnelle, communication non violente, performance durable… Ils bénéficient aussi d’une communauté de pratiques pour partager leur expérience et faire évoluer leurs structures. Un cycle de formation à la méditation pleine conscience est également prévu.
Pour faire rayonner la démarche, les conférences sont ouvertes à toutes les entreprises et aux territoires voisins.
Habitat, restauration collective, mobilité : public et privé main dans la main
Cette volonté d’agir ensemble s’incarne dans des projets publics/privés atypiques, dans leur esprit et dans leur objectif : les Vals du Dauphiné, riches en entreprises dynamiques, sont quasiment au plein emploi et peinent à recruter et à fidéliser !
Le premier projet porte sur des logements pour apprentis et salariés en période d’essai : ils font cruellement défaut. D’où l’idée d’utiliser le parc social et le programme local de l’habitat (PLH), principal dispositif local de politique du logement. « Nous nous autorisons à inventer de nouveaux systèmes, en fonction de nos objectifs communs » souligne Fany Allarousse, directrice générale des services de la communauté de communes.
Pacifier les relations, au bénéfice de tous
Second projet, la mise en place d’une restauration collective sur ce territoire qui en est dépourvu. Faut-il créer une cuisine centrale et un système de portage de repas ? Déployer des restaurants d’entreprise ? La réflexion avance, en lien avec la Chambre d’agriculture : à partir de 2021, la restauration collective devra s’approvisionner en circuits courts.
Le dispositif LIBERTE se penche aussi sur la mobilité : beaucoup de salariés viennent chaque jour de Lyon ou de Chambéry et il existe peu d’alternatives à la voiture. Un Plan de déplacement concerté pourrait être mis sur pied. « Acteurs privés et publics construisent ensemble, conclut Thomas Michaud, afin d’offrir le meilleur pour le territoire, les organisations et les individus. »
* Laboratoire d’Innovations pour le Bien-Être au travail, le Rayonnement Territorial et l’Épanouissement des parties prenantes
Les points forts du projet
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