Pierre Calame
Fondation Charles Léopold Mayer - Président honoraire
La guerre est un projet simple mené avec des moyens de plus en plus sophistiqués la paix un projet complexe éventuellement mené avec des moyens techniques simples. Cette opposition guerre/paix vaut aussi pour l'économie. Ses hypothèses de base sont simplistes et font tout reposer sur les vertus de la concurrence entre acteurs isolés poursuivant chacun ses propres intérêts, et les moyens techniques ou méthodologiques déployés pour mener ce projet guerrier, survivre dans un climat de concurrence acharnée, sont souvent d'une rare sophistication, ce qui fait les beaux jours des grands cabinets de conseil.
Or notre défi aujourd'hui est de revenir à la notion d'oeconomie, que le botaniste Karl von Linné avait parfaitement défini il y a près de trois siècles: l'art de produire du bien être pour tous dans le respect des limites des ressources naturelles. Ce qui suppose de développer, à l'instar des écosystèmes, des coopérations de toutes natures, de fonder les relations de chaque acteur avec le reste de la société sur un véritable contrat social reflétant la conscience des interdépendances et des responsabilités mutuelles. C'est l'art de la paix appliqué à l'économie. D'où mon attention au concept de paix économique qui renouvelle le regard sur le fonctionnement des institutions et sur les relations entre les acteurs