Agnès Muir-Poulle, Enseignant-chercheur à Grenoble École de Management

11 octobre 2010

Comment réagissons nous aux crises ? Que faire et comment pour prévenir ? Rebondir ? Reconstruire après la déconstruction ?  Voici un livre utile pour tous ceux qui vivent des bouleversements dans leurs organisations, éprouvent des pertes de repères ou de sens et sont amenés à mettre en place les conditions favorables à l’émergence de la résilience. Dans un ouvrage très documenté, Guy Koninckx et Gilles Teneau présentent le cadre conceptuel de compréhension de la résilience, de ce qui se joue autant pour les individus et pour les organisations et fournissent un  guide concret d’outils appropriés  autant pour renforcer les défenses immunitaires que pour appliquer une thérapeutique *.

Issue à l’origine d’un terme de physique ( la résilience des matériaux) , puis de la psychologie mise en évidence notamment par Boris Cyrulnik (  la résilience individuelle) , « la résilience organisationnelle est la capacité d’un groupe à éviter des chocs organisationnels en construisant des systèmes d’action et d’interactions continus destinés à préserver les anticipations des différents individus les uns par rapport aux autres. Les facteurs de résilience permettent aux individus de développer de nouvelles solutions, de changer rapidement de rôle, de se méfier d’une trop grande confiance et de maintenir des relations de confiance dans l’organisation «  (B. Vidaillet, Le sens de l’action)

Une organisation n’est pas résiliente en soi. Ce sont les individus qui disposent de cette capacité de vivre et de se développer de manière acceptable mais aussi de se projeter dans l’avenir en dépit d’évènements déstabilisants et de traumatismes parfois sévères. Alors comment construire des organisations flexibles qui puissent s’adapter le plus rapidement, efficacement et le plus aisément  tout en préservant les individus? Voici ici quelques unes des pistes proposées :

• savoir articuler  les interactions entre la stratégie, le management et la structure ,
• construire et reconstruire du sens ,expliquer le sens et le non sens,
• valoriser et développer les compétences de leadership, relationnelles et transversales des managers. Savoir repérer les crises, connaitre et remettre en question ses propres modèles mentaux et modes de fonctionnement face aux turbulences,
•  avoir des processus souples semi formalisés,
• stimuler la confiance et l’empathie ,
• accepter l’expression des émotions .Savoir que la compassion, étant entendue comme capacité à « se laisser toucher » peut entrainer une baisse du stress, une diminution du turn over, une meilleure productivité,
• accepter et apprendre ses erreurs,
• reconnaitre les différences de points de vue comme une richesse,
• réviser  ses propres routines à chaque fois qu’elle se trouve confrontée à des événements nouveaux ou inattendus,
• développer des processus d’intelligence collective permettant d’enclencher, de favoriser et de maintenir une disposition à agir collectivement avec vigilance.
• développer la flexibilité : le groupe doit être capable de changer de structures, et de l’améliorer selon les situations,
• utiliser la crise comme source d’apprentissage,
•  intégrer la dimension du temps, le passé, le présent et le futur
• considérer qu’une organisation résiliente est orientée vers «  le bien être » des employés.

* Résilience organisationnelle, Guy Koninckx, Gilles Teneau, Editions Deboek, 2010